Les historiens du Mont Saint-Hilaire

Publié le par Arkalys

Chaque session, ma directrice de mémoire organise un « reading weekend » au Mont Saint Hilaire, une petite élévation à quelques kilomètres de Montréal, dans des chalets au cœur d'une réserve naturelle possédée par l'université McGill. C’est l’occasion de retrouver des connaissances ou des amis, de rencontrer de nouveaux visages, de s’aérer la tête avant de la faire chauffer dans des discussions plus ou moins sérieuses.





Nous étions dix étudiants, tous niveaux confondus : ça allait de la première année au doc. La répartition était assez inégale cela dit : 3 premiers cycles, 6 cycles supérieurs, 8 Québécois et demi, 2 Français et demi, une Roumaine, 3 hommes et 9 femmes. Que des historiens (presque). J’imagine que cette perspective doit donner des sueurs froides à ceux qui restent persuadés que les historiens sont des gens sérieux et pas drôle, qui ne font que des blagues historiques et débattent de la place de l’économie mérovingienne dans la politique papale.
C’est avec joie que je fais voler en éclat ce préjugé idiot ! J’ai rarement autant rigolé que cette fin de semaine !
Halloween oblige, on a eu droit, grâce à une des historiennes qui a braqué son voisinage, a une montagne de bonbons, et à du fudge aussi délicieux que consistant : gras et chocolaté, que demander de plus ? Car oui, il serait vain de nier que la nourriture physique nous intéresse (presque) autant que la nourriture spirituelle. Cuisine collective, des repas élaborés, pas de vulgaires sandwiches, du vin, de la bière, chacun met la main à la pâte dans une ambiance excellente.



Autre activité qui occupe pas mal du temps de cette fin de semaine : les ballades. Au cœur de la nature, cela va presque de soi. On peut regretter le fait que la saison soit trop avancée pour profiter des couleurs automnales. Mais on patauge dans les feuilles mortes, et il suffit de baisser la tête pour voir les couleurs qu’on aurait vues voilà quelques jours collées dans les arbres. Le temps est magnifique, le soleil toujours de la partie. Le froid est assez mordant, l’hiver approche. Photos de groupe un peu partout, notamment sur le plus haut sommet du Mont, qui offre une vue imprenable sur la vallée laurentienne, et sur Montréal, au loin, dont le Mont Royal et les gratte-ciels se dessinent sur l’horizon.  J’ai bien fait d’emmener mon trépied, tout le monde peut rentrer dans le cadre.





« Histoire et fiction » était censé être le thème de la fin de semaine. Finalement, sauf débats spontanés, c’était plus fiction qu’histoire. Resteront dans les mémoires, par exemple, les définitions saugrenues inventées par dix cerveaux en ébullition lors du jeu du dictionnaire, pour des mots aussi inconnus que poto-poto, glossine ou favus. Restera aussi la création du monstre du lac, équivalent saint-hilairien du monstre du Loch Ness, affectueusement nommé Herty, puisque le lac porte le nom d’Hertel. Discussions autour de livres, et plus généralement sur tout et n’importe quoi, échange de souvenirs, d’expériences, partage d’opinions aussi diverses que variées sur un sujet qui bien souvent, dérive longuement.



Sortie nocturne pour tenter désespérément de prendre des photos « by night » ce qui s’avère nettement moins concluant qu’en ville, qui nous fait rentrer tard le vendredi soir. Couché tard aussi le samedi (ou tôt le dimanche, selon le point de vue) après un cours de swing, un tas de bonbons, et une discussion trèèèèès longue sur des sujets aussi sérieux que Final Fantasy, la prononciation du mot « baleine » à Montréal et à Québec, et une envolée lyrique sur les probabilités, l’infini et la crédibilité du pacte narratif dans la science fiction. Les bières aident au dialogue (ou en sont à l’origine, on ne sait plus trop), mais seuls les plus braves restent jusqu’à 4 heures du matin, qui finalement se transforment en 3 heures, pour cause de décalage horaire.



Et enfin, il est presque le temps de rentrer. A peine a-t-on le temps de faire une dernière ballade qui nous emmène « iguaniser* » sur un gros rocher qui surplombe la vallée laurentienne, qu’il faut déjà ranger/manger/charger les voitures. Et puis, le trépied montre une nouvelle fois son utilité : les photos de groupe sont bien plus faciles à prendre, et on peut même immortaliser la concrétisation du running gag du weekend : l’autodafé de Carl.



Finalement, on ne lit pas beaucoup, dans ces « reading weekend ».



*Iguaniser : se prélasser béatement au soleil (copyright Déréglé Temporel)
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
D
"Le froid est assez mordant, l’hiver approche."<br /> <br /> On sent le Français sous ces mots. Froid, ça? j'avais même pas les oreilles rouges!
Répondre
A
<br /> Ouais, mais ça c'est parce que le vendredi soir, tu étais au lit pendant que Carl et moi, on prenait des photos dans la nuit quasi-polaire !<br /> Et puis, c'était peut être pas froid, mais tuques (bonnet pour les français) et gants étaient de sortie pour quasiment toutes les filles !<br /> <br /> <br />
D
c'est un peu pour ça aussi que la prochaine fois on change le nom: "fin de semaine d'histoires" (petit "h" et pluriel)
Répondre