Les rapides de Lachine

Publié le par Arkalys

Ballade à Montréal, première prise de contact avec la démesure des paysages québécois, découverte des rapides de Lachine.


     Les rapides de Lachine


Mais d’abord, un peu d’histoire. Si si, allez, faites pas cette tête, c’est inévitable. A moins de sauter le paragraphe. Pourquoi le nom de Lachine ? Tout simplement parce que, vers 1667, René-Robert Cavelier de La Salle devient propriétaire d’une seigneurie proche de Montréal. Son idée fixe de rejoindre la Chine par l’Ouest vaudra à ses terres canadiennes, par dérision, le nom de Lachine.

Les rapides, quant à eux, ont longtemps été un obstacle à la remontée du Saint-Laurent et donc à l’exploration des Français, jusqu’à ce qu’ils comprennent qu’on pouvait les contourner, certes, en abandonnant les navires de gros tonnage. Ils prennent le nom de Sault Saint-Louis grâce à Champlain, qui les baptise ainsi suite à la noyade d’un de ses amis, Louis.

Ils restent incontournables jusqu’au percement du canal Lachine en 1825, ce qui fait de Montréal, passage obligé pour remonter le Saint-Laurent, une plaque tournante du commerce.

                               Les rapides vus par Champlain

« Je vous assure

 

que quand il me montra le lieu

 

les cheveux me hérissèrent en la tête

 

le voir ce lieu si épouvantable

 

et m’étonnai comme les défunts

 

avaient été si hors jugement

 

de passer un lieu si effroyable… »


Aujourd’hui, les eaux tourbillonnantes des rapides abritent une réserve naturelle pour les oiseaux migrateurs qui bénéficient de l’exclusivité dans l’Île aux Hérons et l’Île aux Chèvres, en plein milieu du fleuve, mais aussi les touristes et sportifs en mal de sensation qui remontent le courant dans de gros insubmersibles surboostés, ou les descendent en kayak pour les plus téméraires. J’en ai vu un !


                      Au Québec, tout est grand...même les papillons !


Les autres peuvent tranquillement flâner sur la berge ouest, en regardant l’écume rouler vers le Nord dans le Bassin de la prairie, profiter du petit sentier pour admirer la flore québecoise ou de l’incroyable piste goudronnée qui la surplombe, paradis des cyclistes et patineurs (à roulettes, pas encore à glace).

Le Parc des rapides, aménagé pour l’occasion, accueille lui aussi oiseaux comme promeneurs dans un paradis de calme artificiel, où une mince bande de terre sépare les eaux grondantes du Saint-Laurent des bassins calmes où les volatiles peuvent se poser.


                       La fin des rapides


On peut se demander si les rapides seront bien là. En descendant de la station de métro De l’Eglise vers le Saint-Laurent, nul remous, nul grondement à l’horizon, qui pourrait indiquer leur présence. Il en est de même après de nombreuses minutes de marche, jusqu’à ce que, penché sur la carte, vous réalisiez que vous n’avez parcouru qu’une faible distance du trajet estimé. Eh oui, on vous l’avait dit, le Québec, c’est grand, et Montréal ne déroge pas à la règle. Qu’importe, on peut admirer en flânant les oiseaux et autres insectes se régalant de la présence conjuguée d’une végétation abondante et de l’humidité du fleuve. On s’amuse aussi des Montréalais qui profitent de leur été sur les petites jetées prévues pour les promeneurs, se jetant à l’eau, ou bronzant dans des situations les plus incongrues, comme ce probable sexagénaire qui a placé sa chaise de camping dans le fleuve, peu profond sur la rive, et les pieds dans l’eau, prend son bain de soleil.


                                         Le Saint-Laurent, un petit ruisseau...


Et enfin, vous les entendez, ces rapides grondant au loin, comme un tonnerre permanent. Et vous apercevez une bande blanche qui trahit les tourbillons du fleuve. Et lorsque vous pouvez enfin vous en approcher, vous comprenez pourquoi ils ont été une barrière pendant si longtemps. En traversant le parc des rapides, vous pouvez vous approcher au plus près du fleuve, même si tout individu sain d’esprit devrait n’avoir aucune envie de se baigner ! Qu’importe : la beauté du site et la puissance dégagée par ce fleuve immense, suffisent amplement pour considérer l’excursion comme réussie.

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